EXPOSITIONS
La nappe : Camille Orlandini & Corentin Massaux
De l’estuaire on se souvient des ruisseaux
01.10 — 05.12.2025
Galerie des Petites Écuries
28.10
Lancement de l’édition La nappe
04.12
Table ronde
Qu’est-ce qui nous lie ?
Avec : Camille Orlandini, Corentin Massaux, Marielle Macé
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Dans le cadre de Wave - Biennale des arts visuels.L’exposition De l’estuaire on se souvient des ruisseaux a été réalisée à l’issue d’une résidence de recherche et de production avec les Éditions Paris-Brest (membre des Factotum), qui s’est tenue aux Petites Écuries — Arts du feu et du faire.
Qu’est-ce qui nous lie ?
Sur les murs de la galerie, une écriture à la cendre soigneusement déposée invite à s’engager dans la démarche des deux artistes, Camille Orlandini et Corentin Massaux. Qu’est-ce qui nous lie ? L’idée de dépendances et d’entrelacements résonnent dans cette question. Mais à quoi ou à qui ? Est-ce entre leurs pratiques artistiques respectives - l’une principalement picturale, l’autre prenant forme dans des gestes culinaires ? Ou bien avec un environnement commun : le paysage, le vivant, l’humain ?
De l’estuaire on se souvient des ruisseaux
En feuilletant l’Histoire d’un ruisseau sur le mur opposé de la galerie, on saisit que la terre et l’eau se lient pour former de la vase - matière déposée au sol de la galerie. Que la multitude de cours d’eaux et de ruisseaux se lient entre eux pour devenir fleuve. Les deux artistes prennent pour point de départ le bassin versant de la Loire : une zone de ruissellement des eaux qui convergent dans le fleuve, s’entrainant lentement vers l’estuaire jusqu’à, selon les mots d’Élisée Reclus, « empiéter » sur la mer. Le phénomène d’écoulement en nappe - où l’eau ruisselle sur la largeur du versant plutôt que de suivre un flux linéaire - devient ici un schéma de pensée dans leur recherche.
La nappe
En géologie, la nappe désigne ces eaux contenues dans les interstices de la roche qui nourrissent les paysages. Mais la nappe est aussi un linge qui se tend et qui devient toile. Qui se plie et se déplie pour accueillir un repas. Qui rassemble celles et ceux qui prennent place autour. La nappe devient alors le point de convergence de la recherche des deux artistes. Étendue au sol dans l’exposition, elle enveloppe un travail de documentation rendant visible les ramifications de leur exploration.
Remonter la Loire
Leur travail en duo a débuté par une première escale à Saint-Nazaire. Des temps de rencontre sont partagés avec les habitant·es et usager·es du territoire autour de gestes tels que l’enfumage d’œufs ou le martelage d’écuelle. Puis à Nantes, à la Générale, à deux pas des Petites Écuries, une cuisson collective est proposée. Les artistes remontent progressivement la Loire jusqu’à atteindre Ancenis, où il·elles déploient leurs nappes pour nourrir les équipages de La Grande Remontée, un projet de navigation collective et solidaire sur la Loire. Leur geste artistique prend forme dans les récits rencontrés, les repas partagés, la transmission de gestes.
Collecte
À chaque escale, leur démarche s’ancre dans un processus de récolte et de collecte. La récolte permet à la fois d’amasser de la matière des paysages pour créer ou cuisiner, et de faire naître la rencontre. En Brière, par exemple, le duo embarque sur le chaland d’un passionné briéron qui leur transmet son savoir de coupe de roseaux. La collecte rassemble les récits, les matières, les images des paysages. Les échantillons de vase et de cendre au sol de la galerie en sont les témoins. Les artistes collectent aussi des recettes précédemment partagées sur le territoire et présentées dans un recueil consultable dans l’exposition.
Cartographier la pensée
En escale aux Petites Écuries, c’est avec Gregory Valton des Éditions Paris-Brest que Camille Orlandini et Corentin Massaux se mettent autour de la nappe. La collecte est alors celle de cartes et d’iconographies amassées pour dessiner un atlas de pensées et de géographies. Les gestes de pli, déploiement, broderie ont été transposés sur le papier pour former un objet capable à la fois de se rabattre sur lui-même et de se déployer dans l’espace d’exposition. De cet atlas s’écoule un inventaire de gestes partagés lors des étapes précédentes de la recherche : coupe de roseaux, cachoutage de voiles, tente de nappes, pétrissage de pain. Présenté dans l’exposition à un état d’amorçage, l’atlas est pensé comme un objet évolutif et destiné à accueillir de futures expérimentations, gestes et rencontres.
Re-lier
Pendant leur résidence, les artistes ont fait la rencontre de Jean-François Leroux, artisan relieur sur le quartier de la caserne Mellinet. Ensemble, il·elles ont imaginé une pochette qui contiendrait l’exposition, alors enfermée dans une nppe et prête à se déployer dans un ailleurs. Le travail de reliure fait écho à la broderie et au tissage, à ces gestes qui lient et nouent des fils entre eux. Parmi les tabliers suspendus au mur, celui brodé met en avant les ramifications des eaux ruisselantes que les artistes viendront peut-être prolonger, à l’image d’une recherche toujours en mouvement.
L’exposition De l’estuaire on se souvient des ruisseaux est une tentative de re-lier pensées, matières, gestes et récits collectés depuis Saint-Nazaire. Accompagné·es par les Éditions Paris-Brest, une édition témoigne également du processus de cartographie de pensée, saisi dans l’instant de la résidence aux Petites Écuries.
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Commissariat d’exposition : Grégory Valton & Pauline Thoër
Accompagnement éditorial : Éditions Paris-Brest
Les Petites Écuries remercient les membres du jury : Marion Flament, Sarah Beaumont, Caroline Le Saux, Grégory Valton et Pauline Thoër.
Réseau de structures de production en arts visuels
Arts du feu et du faire
44000 Nantes
@lesfactotum