EXPOSITIONS
Marion Flament
Tocsin
26.06 — 21.09.2025
Galerie des Petites Écuries
Vernissage
26 juin 2025 à 18h
« Toscin » fait suite à une période de résidence de recherche et de production. Pendant un mois, Marion Flament a bénéficié d’un atelier au sein des Petites Écuries et a travaillé en collaboration avec Simon Muller d’Arcam Glass pour la production de pièces en verre.
Initié en 1929, le barrage de Sarrans retient par son poids les eaux de la Truyère, créant ainsi un lac de retenue au cœur de la vallée. C’est en tentant de saisir l’âme de ce bassin artificiel que Marion Flament se plonge dans ses histoires englouties.
À l’occasion d’une vidange, l’artiste arpente les chemins réapparus, ceux qui formaient autrefois les villages submergés. Elle collecte dans ce paysage de ruines des bribes de matières minérales et d’objets oubliés : clés, clous, roches volcaniques, fragments de boue… Leurs présences fantomatiques sont figées dans la transparence brumeuse du verre des deux bas reliefs. De subtiles bulles d’air laissent imaginer une présence vivante, submergée.
Tels des fossiles, Marion Flament saisit des empreintes formelles et pétrifie des pigments. La rouille qu’elle recueille de ce paysage subaquatique devient une matière en mutation, née de l’altération par l’humidité prolongée. Des textures et matériaux se croisent, le verre semble retenir les différents corps extraits du passé. Dans la série de vitraux, elle superpose des couches planes de verre, qui seront fusionnés par la chaleur d’un four. L’artiste déjoue la technique initiale du fusing en intégrant des objets, pigments ou matières à la fusion. Chaque strate agit comme un sédiment porteur d’un récit.
Dans la chapelle de Turlande, en surplomb du lac, les histoires racontent que la cloche était sonnée à l’approche de l’orage pour éloigner la catastrophe. Imprégnée de ces croyances, une sculpture en verre soufflé flotte devant le mur de pierres. Elle semble destinée à faire retentir le tocsin - alerte annonçant un danger ou une catastrophe - mais est en définitive condamnée au silence pesant des ruines. La présence d’objets apotropaïques convoque des rites de protection, tels des clous qui, enfoncés dans un édifice, repoussent et détournent la foudre. Des ossements humains, des fragments de branches ou de poissons sculptées s’entremêlent, témoignant des habitant·es passé·s ou actuels du barrage. Assemblées tels des chapelets, les suspensions deviennent des objets sacrés de dévotion puisés dans l’histoire engloutie. Tandis que les pièces en céramique révèlent les espèces végétales répandues sur les ruines lors de la vidange du lac.
Les faisceaux lumineux qui traversent les sculptures rappellent les rayons qui pénètrent les villages engloutis à travers les eaux peu profondes du lac. Cette mise en lumière est au cœur de la démarche de Marion Flament : elle révèle des édifices et des histoires. En écho à l’église de São Domingos à Lisbonne, dévastée par le feu, la pièce Sombra Ardente évoque un autre effondrement. La chaleur fait couler le verre sur les vestiges de vitraux laissant à nouveau se former les objets oubliés et effacés par le temps.
Marion Flament
Marion Flament (née en 1989) est diplômée de l’EnsAD de Paris après l’École Boulle et un échange à l’EAV Parque Lage de Rio de Janeiro. Elle poursuit ses recherches lors d’un post diplôme en lumière interactive à l’EnsAD-LAB. Elle a été lauréate de la Fondation des artistes, des aides à la recherche et à la première exposition de l’ADAGP et du CNAP, du prix Don papa art program, de l’académie des savoir-faire d’Hermès sur le verre, des résidences de la Madeleine à Arles, de la Junqueira à Lisbonne, du Bel ordinaire à Pau, des ateliers de Paris, de la Villa Belleville et de la Casa de Velazquez à Madrid.
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Commissariat d’exposition : Pauline ThoërProduction verre : Arcam Glass
Remerciements : Simon Muller, Simon Fédou et Marie Hulbert, Klervi Kerouedan, All Ready Made, MilleFeuilles